Parler des Celtes, c’est ouvrir une porte brumeuse sur un monde flou, mouvant, un peu comme une lande sous la pluie. On croit les connaître. On les imagine à danser autour de menhirs, à graver des spirales dans la pierre, à murmurer aux arbres. Mais avant les druides, les cornemuses et les légendes recyclées par les festivals folk, il y a autre chose : une histoire bien réelle, solide, longue, parfois rude. Et cette histoire, elle commence… en Autriche.
L’Autriche, vraiment ? Pas l’Irlande ?
Eh oui. Surprenant pour certains, évident pour d’autres. Mais les racines des peuples celtes prennent naissance au cœur de l’Europe centrale, dans ce qui est aujourd’hui l’Autriche, plus précisément dans la région de Hallstatt, un petit village au bord d’un lac paisible, entouré de montagnes raides et silencieuses.
C’est là qu’on a retrouvé, sous la terre, un trésor archéologique. Des tombes. Des armes. Des bijoux. Des symboles. Bref, tout ce qu’il faut pour comprendre qu’on ne parle pas d’un mythe flou, mais d’une civilisation organisée, riche et influente, déjà bien installée vers 800 avant Jésus-Christ.
Hallstatt : pas juste un nom savant
À l’école, on apprend vaguement ce mot : culture de Hallstatt. C’est un peu sec, dit comme ça. Mais en vrai, Hallstatt, c’est la première grande période de ce qu’on appelle aujourd’hui la civilisation celte. Une société basée sur le fer, l’artisanat métallique, le commerce, la hiérarchie sociale. Et une manière de penser le monde, aussi. Déjà des motifs spiralés, des objets rituels, une obsession du cercle. Tiens, ça commence à ressembler à ce qu’on imagine, non ?
On est donc loin de la caricature du barbare gaulois qui grogne dans la forêt. Ici, on parle d’échanges commerciaux avec la Méditerranée, de structures sociales complexes, de nécropoles impressionnantes.
Une civilisation qui s’étale comme une tache d’encre
Après Hallstatt vient la culture dite de La Tène (vers 450 à 50 av. J.-C.). Le style change. Plus de finesse dans les objets. Des formes plus fluides. Et surtout, une expansion. Les peuples celtes, à ce moment-là, s’étendent dans presque toute l’Europe. De la Galice à la Turquie. De l’écosse à l’Italie du Nord. Oui, même en Anatolie : les Galates étaient des Celtes, eux aussi.
C’est à ce moment-là que les Celtes prennent leur ampleur. Ils n’ont pas d’empire, pas de capitale, pas de drapeau. Mais ils ont une culture commune : des langues proches, des croyances, un goût pour l’art courbe, pour la nature sacrée, pour les mots qui résonnent comme des incantations.
1.000 ans de présence, et une trace persistante
Ce qu’on oublie souvent, c’est que les Celtes ont dominé près de 1.000 ans d’histoire européenne. C’est énorme. Ils ont survécu à l’Empire romain, en partie. Se sont repliés. Ont changé de visage. Mais certaines zones sont restées vivantes. L’Irlande. La Bretagne. Le pays de Galles. L’écosse. L’Île de Man. La Galice. Les Asturies.
On les appelle aujourd’hui les « pays celtiques ». Pas parce que ce sont les origines, mais parce qu’ils ont gardé le feu sous la cendre. La langue. La musique. Les symboles. Les racines.
Alors, l’origine ? Hallstatt. Sans hésiter.
C’est là que tout commence. Dans ce coin d’Autriche où l’on extrayait le sel et le fer. Où les chefs étaient enterrés avec leurs chars. Où les objets racontent une vision du monde à la fois matérielle et mystique.
Ce n’est pas l’image la plus populaire. Mais c’est là, sous nos pieds européens, que bat le tambour premier des Celtes.
Et il résonne encore. Pas dans les manuels. Dans la pierre. Dans les symboles. Dans les légendes qui reviennent quand le vent souffle fort

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