Où se cachent les 7 pays celtes ?
(Et pourquoi on a l’impression qu’ils brillent la nuit)
Il y a des mots comme ça… qui ouvrent des portes.
Le mot celte, par exemple. Il évoque un monde ancien, mais pas poussiéreux. Un monde fait de pierres dressées, de cornemuses qui gémissent au loin, de prénoms imprononçables et d’embruns qui sentent l’algue et la légende.
Un monde où la modernité n’a pas effacé la mémoire. Juste posé un voile un peu plus fin.
Mais alors, c’est quoi un pays celte ? Un lieu où l’on parle une langue celtique ? Un territoire imprégné de traditions, de musiques, de rites ? Un endroit où les moutons semblent plus sages que les hommes ? Un peu tout ça.
Et ce n’est pas qu’une affaire de folklore. C’est une identité, ancrée, résistante, parfois en lutte, toujours vibrante.
Aujourd’hui, on parle de sept pays celtes. Pas six. Pas huit. Sept, bien tassés.
Et chacun d’eux a son grain de sel, de vent ou de tourbe.
L’Irlande : le cœur tambour
On commence par l’évidence. L’Irlande, c’est un peu la grande sœur. Celle qui chante fort, qui boit sec, mais qui cache sous ses airs de pub bruyant une mémoire sacrée.
Le gaélique irlandais y est toujours vivant, même s’il se fait discret dans les grandes villes. Il survit, il murmure, surtout dans les Gaeltachtaí, ces zones où la langue est encore parlée au quotidien.
Mais ce n’est pas juste une langue : c’est un rythme, une musique, une manière de raconter le monde avec plus de spirales que de lignes droites.
Ici, chaque pierre semble avoir une histoire.
Une fée.
Un roi.
Une bataille.
Ou un trèfle.
Les Irlandais ? Fiers d’être celtes. Et on les comprend. On n’a pas besoin de chercher bien loin : un festival, une stèle, un prénom comme Aoife ou Cian… ça flotte dans l’air. Ça gratte la peau.
L’Écosse : cornemuse dans le brouillard
Imaginez un matin froid dans les Highlands.
Un silence percé par une cornemuse. Une brume qui s’accroche aux collines comme une vieille couverture. Vous y êtes ? Voilà l’Écosse celte.
Parce que non, l’Écosse n’est pas que tartan et whisky (même si… on les remercie).
C’est aussi une terre de gaélique écossais, toujours parlé dans les Hébrides, enseigné, revendiqué.
Et les traditions ? Ancrées dans la roche. Les ceilidhs (ces bals joyeux où tout le monde danse, même ceux qui n’ont pas le sens du rythme), les chants, les contes… tout bat encore.
Mais ce n’est pas un musée. Loin de là. C’est mouvant, c’est punk parfois. Les jeunes s’y remettent, tatouent des symboles celtes sur leurs bras, réécrivent les légendes à leur manière.
C’est peut-être ça, l’esprit celte : une vieille âme qui adore changer de manteau.
Le Pays de Galles : la langue aux mille consonnes
Franchement, on sous-estime toujours un peu le Pays de Galles. Et pourtant…
C’est un bijou celtique, brut, massif, taillé dans les montagnes de Snowdonia et poli par la pluie.
Ici, le cymraeg (le gallois) n’est pas juste un vestige. Il s’entend, il s’affiche, il s’apprend dès la maternelle.
Et il a ce truc, ce petit croquant : des mots comme Llanfairpwllgwyngyll, des sonorités qui claquent comme des vagues sur les rochers.
La culture ? Solide.
Le rugby, les chœurs gallois, les poèmes, les chansons, les châteaux… on sent que ce pays n’a jamais voulu être juste « à côté de l’Angleterre ».
Il trace sa route, en chantant. Et pas en anglais.
La Bretagne : l’irréductible de l’Ouest
Pas besoin de traverser la mer pour trouver l’esprit celte. Il suffit d’aller en Bretagne.
Et là… changement d’ambiance.
Le breton, langue chantante aux racines profondes, y est encore parlé, surtout dans le Finistère, même si ce n’est pas tous les jours facile.
Mais la langue n’est qu’une porte.
Ce qui compte ici, c’est le souffle.
Celui des binious, des fest-noz (ah, ces nuits où l’on tourne en rond jusqu’à l’ivresse douce), des coiffes hautes comme des phares.
C’est un peuple qui a la mer dans les yeux et les pieds dans les racines.
Et puis il y a ces noms… Plouha, Carhaix, Brocéliande…
On entend le murmure des druides entre deux crêpes.
La Galice : l’Espagnole qui parle celte
Surprise. Oui, l’Espagne aussi a son coin celte. Direction le Nord-Ouest : la Galice.
Un bout de terre à la croisée des mondes.
On y parle le galicien, une langue latine, certes… mais les racines celtes y sont tenaces.
On les sent dans les musiques (gaita gallega = cornemuse locale), les danses, les légendes de sirènes et de montagnes sacrées.
Et puis il y a ces pierres, ces dolmens, ces spirales gravées qui racontent un passé bien plus ancien que les tapas.
La Galice, c’est un peu comme une chanson bretonne jouée à la guitare flamenca.
Mélange étrange. Mais ça marche.
Les Asturies : discrètes mais vibrantes
Juste à côté de la Galice, un autre territoire discret : les Asturies.
Pas le plus connu. Mais croyez-le, on y sent aussi un parfum celte, léger, mais bien réel.
La preuve ? Un festival interceltique chaque été, à Avilés. Des cornemuses, encore. Et puis cette manière de garder vivante une mémoire, même si la langue celtique d’origine s’est perdue depuis longtemps.
C’est un pays aux montagnes rudes, aux vents francs.
On y mange fort, on y boit du cidre… à l’ancienne, debout, verre penché.
Et il y a ce je-ne-sais-quoi… une sorte d’écho des anciens chants, comme un sifflement entre les rochers.
L’île de Man : minuscule et tenace
Elle est là, coincée entre l’Écosse, l’Irlande et l’Angleterre. Toute petite. Mais pas invisible.
L’île de Man, c’est un concentré de celte, version mini.
On y parlait le manx, une langue celte unique, qui a failli disparaître, complètement.
Mais devinez quoi ? Elle revient. Les enfants l’apprennent à nouveau. Des chansons, des livres, des applis… la résurrection.
Et puis… quelle ambiance.
Des côtes déchiquetées, des montagnes rondes, une météo qui change d’avis toutes les cinq minutes.
Même les légendes sont plus nombreuses que les habitants.
Des fées, des fantômes, des chats sans queue (si si), et des routes où il faut saluer les lutins pour ne pas avoir d’ennuis.
Et après ? Des graines semées ailleurs…
Tiens, une question en passant : un pays celte, c’est forcément en Europe ?
Techniquement, oui.
Mais dans les cœurs ? C’est autre chose.
Il suffit de mettre les pieds à Boston, en Nouvelle-Écosse, ou même à Buenos Aires, pour sentir que la culture celte a fait ses bagages.
Les diasporas ont emmené avec elles des chansons, des prénoms, des traditions, des symboles.
Parfois, c’est un simple trèfle brodé sur une veste.
Parfois, c’est un pub irlandais au fin fond du Canada.
Et là encore, la magie opère.

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