Entre mémoire, mythes, légendes et accents vivants
C’est une question qui gratte un peu la langue.
Un truc qu’on croit savoir… mais qui s’effiloche quand on tire le fil.
Les Celtes, c’est flou ? Justement. C’est vaste, c’est mouvant, ça résonne comme un tambour dans la brume.
Mais alors, où sont-ils vraiment « nés » ? Et surtout, où respirent-ils encore aujourd’hui, sous la peau des pays ?
Allez, on enfile la cape (en laine rêche, bien sûr), et on remonte le temps…
Avant les frontières : les Celtes n’étaient pas « un seul peuple »
Pas de drapeau, pas de capitale.
Les Celtes, ce sont des tribus. Des vagues. Des peuples éclatés.
Pas une nation, mais une myriade d’accents, de coutumes, de dieux avec des noms à faire claquer les feuilles.
Ils n’ont jamais dit “nous sommes celtes” comme on dirait “nous sommes Français”.
C’est l’Histoire — ou plutôt l’œil des Grecs, puis des Romains — qui les a rassemblés sous cette étiquette.
Et entre nous… l’étiquette colle mal.
Irlande : le cœur encore battant
Ah, l’Irlande.
On l’imagine tout de suite : verte, humide, pleine de moutons au regard triste et de vieilles pierres couvertes de mousse.
Mais l’Irlande, c’est plus qu’un cliché d’agence de voyage.
C’est une terre où les récits celtiques n’ont jamais été enterrés.
Où les noms des collines ont encore des racines en gaélique. Où les pubs ne sont pas que des bars, mais des autels pour les histoires, les chants, les coups de cœur et de whisky.
Le gaélique irlandais y survit (pas partout, mais il tient bon).
Et les fêtes celtiques comme Samhain ou Imbolc font encore frémir les calendriers.
Bref : l’Irlande ne “vient” pas des Celtes. Elle les continue.
Écosse : cornemuses et clans
Tiens, ça me fait penser à cette vieille chanson, entendue un soir à Édimbourg… une voix rauque comme un vieux chêne, qui disait que le vent des Highlands parlait mieux que les hommes.
L’Écosse, c’est ça.
Une langue, le gaélique écossais, qui résiste comme une lande en hiver.
Des clans au nom rugueux.
Et cette manie de défiler en kilt, fièrement, même sous la pluie froide.
Les racines celtiques y sont bien là.
Pas sous verre. Pas en musée.
Mais dans les jambes des danseurs, dans la pierre des châteaux, dans les psaumes tordus des cornemuses.
Pays de Galles : le chant comme bouclier
Ici, le celte a des consonnes qui sifflent.
Le gallois se parle encore — oui, vraiment ! — dans les écoles, dans les stades, dans les foyers.
Le Pays de Galles, c’est un drôle de paradoxe.
Petit coin coincé entre l’Angleterre et la mer…
Mais immense quand on parle d’identité celtique.
Tout est là :
- la langue (vivante, enseignée, chantée)
- les contes, avec leurs rois fous et leurs dragons
- le culte des collines (parce que, oui, ici aussi les collines sont sacrées)
- et ce rapport étrange au passé, comme une promesse qu’on n’a jamais tout à fait oubliée.
Bretagne : l’autre rive du même poème
Les Bretons vous diront : “nous aussi, on est celtes”.
Et ils auront raison.
Les liens entre la Bretagne et les îles britanniques sont profonds.
Pas juste linguistiques, mais presque charnels.
Il suffit de marcher dans les Monts d’Arrée, quand le vent gratte les oreilles et que les ajoncs piquent les mollets…
On se dit que oui, il y a quelque chose ici. Une vibration ancienne, une chanson oubliée, qu’on entend encore entre deux bourrasques.
Le breton, la langue, a été malmenée.
Mais elle revient. Lentement. Comme un galet qu’on frotte dans la poche.
Et les fêtes celtiques, les cercles de danses, les prénoms… tout ça, ça résiste.
Pas mal pour une culture qu’on disait poussiéreuse.
Cornouailles : la petite oubliée
On l’oublie souvent.
Et pourtant, la Cornouailles, au sud-ouest de l’Angleterre, a elle aussi un passé celte.
Le cornique, sa langue, a failli disparaître.
Elle est tombée dans le coma. Mais elle a ouvert un œil. Puis un autre.
Aujourd’hui, on la réapprend.
Des enfants, dans certaines écoles, chantent des chansons qu’aucun de leurs grands-parents ne connaissaient plus.
C’est fragile. Mais c’est là.
Et si vous tendez l’oreille sur la plage de Porthcurno…
On jurerait que les vagues murmurent en celte.
L’île de Man : entre deux mondes
Coincée entre l’Irlande et le Royaume-Uni, cette petite île a gardé son manx.
Encore un dérivé celtique, cousin du gaélique.
Elle ne fait pas de bruit.
Mais elle garde, dans ses creux, des histoires de fées, de pierres qui bougent la nuit, de bateaux fantômes…
C’est discret, oui.
Mais les Celtes, justement, n’ont jamais été dans le tapage.
Et ailleurs ? L’ombre des Celtes en Europe
Tiens, une question. On s’arrête aux îles ?
Pas du tout.
Les Gaulois — eh oui, nos fameux ancêtres — faisaient eux aussi partie du monde celte.
Pas tous les peuples de la Gaule, mais une bonne partie.
Et si on remonte encore…
Les Celtes ont essaimé. En Espagne (les Celtibères), en Italie du nord (Insubres, Sénons), en Europe centrale, en Autriche, en Hongrie, jusqu’en Anatolie !
Oui, des Galates — vous avez bien lu — vivaient en Turquie actuelle.
Les Grecs les décrivaient comme blonds, hirsutes, un peu bruyants, et très très attachés à leurs épées.
Comme quoi… les Celtes, ça voyageait.
Et aujourd’hui ? Ça veut encore dire quelque chose ?
Bonne question.
Est-ce qu’on peut dire que la culture celte est vivante ?
Eh bien… oui. Mais pas comme une série Netflix.
Pas flashy. Pas mondiale. Pas uniformisée.
C’est un feu sous la cendre.
Un feu qui crépite dans les festivals (comme le Festival Interceltique de Lorient).
Un feu dans les langues qu’on réapprend, dans les prénoms qu’on donne, dans les musiques qu’on joue, dans les pierres qu’on s’obstine à nommer.
C’est un battement de tambour, parfois étouffé… mais toujours là.
Ce que ça réveille
Quand on parle des pays celtes, on ne parle pas que de géographie.
On parle de résistance. De mémoire indocile.
On parle de langues qu’on a voulu effacer.
De peuples qui refusent de se diluer.
De traditions qu’on ne peut pas vendre sous blister.
Et puis, au fond… on parle peut-être de ce besoin très humain de sentir que le passé n’est pas mort.
Qu’il respire encore, quelque part, dans un chant, un mot, un silence.
Voilà.
Les pays d’origine celte ?
Ils sont là.
Sur les cartes, oui.
Mais surtout… dans les voix, les gestes, les pierres, les fêlures.
Et tant qu’il y aura quelqu’un pour les écouter,
les Celtes ne seront jamais vraiment passés.

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