Imbolc : ce moment où l’hiver cligne de l’œil
Il fait encore froid, c’est vrai.
La terre est lourde, humide, presque figée.
Mais quelque chose… frémit.
Un souffle.
Une tension dans l’air, un frisson dans les haies.
Pas de doute : Imbolc est là.
Et même si ce n’est pas encore le printemps, ce n’est plus vraiment l’hiver non plus.
Imbolc, ce n’est pas juste une date.
C’est un entre-deux. Une bascule. Une petite porte entrouverte.
Une fête celtique… qui réchauffe les os
On la célèbre autour du 1er février.
Mais bon, entre nous, c’est un peu comme une musique intérieure.
On la sent plus qu’on ne la date.
Le mot “Imbolc” viendrait de “i mbolg”, qui signifie “dans le ventre”.
Et ça dit déjà tout, non ?
La vie est là, cachée, lovée, en train de se préparer.
Dans le ventre des brebis (eh oui, la lactation commence à cette période),
dans le ventre de la terre,
dans le ventre des rêves qu’on n’ose pas encore dire tout haut.
Imbolc, c’est la fête de la lumière discrète, celle qui n’aveugle pas.
Juste un filet doré qui commence à allonger les jours.
Un petit feu dans l’âtre, une bougie sur le rebord de la fenêtre.
Pas pour briller.
Pour tenir bon.
Brigid, déesse de la flamme et des mots
Difficile de parler de la symbolique de Imbolc sans évoquer Brigid (ou Brighid, ou Bríde…).
Chez les Celtes, c’est LA figure de cette période.
Une déesse à trois visages :
- poétesse,
- guérisseuse,
- forgeronne.
Une sorte de super-héroïne spirituelle qui allume autant le feu du foyer que celui de l’inspiration.
On l’imagine les pieds nus sur la terre froide, les mains pleines de promesses, le souffle tiède.
Elle murmure aux graines de se réveiller,
aux mots de se rassembler,
aux humains de ne pas lâcher.
Tiens, ça me fait penser : on parle souvent d’énergies à Imbolc.
Mais ce ne sont pas des énergies tapageuses.
Plutôt des frissons de lucidité.
Des élans timides mais entêtés.
Des “allez, on y va”, discrets mais solides.
Imbolc, c’est une ambiance
Ce n’est pas une fête qu’on fait en grandes pompes.
Pas de flonflons, pas de paillettes.
Mais une odeur de fumée douce, de laine mouillée, de bougie qui grésille.
Des mains qui tricotent, qui prient peut-être.
Des chants murmurés.
Certains allument des feux rituels, d’autres versent quelques gouttes de lait sur la terre.
On fabrique parfois des croix de Brigid en paille,
on accroche du blanc partout —
des rubans, des tissus,
comme si on voulait que la lumière ait plus de prise.
Il y a un calme… mais pas un calme vide.
Un calme dense, fécond.
Comme une marmite pleine à ras bord qui mijote à feu doux.
Une symbolique enracinée
Alors, que signifie vraiment Imbolc ?
C’est une renaissance en sourdine.
Un redémarrage intérieur,
pas spectaculaire mais profond.
C’est un peu comme une graine :
elle ne pousse pas parce qu’on crie dessus.
Elle pousse parce que la lumière revient.
Et que la terre dit oui, doucement.
Imbolc parle :
- de renouveau,
- de nettoyage (autant intérieur qu’extérieur),
- de préparation.
On se déleste. On fait de la place.
Dans les armoires, dans les pensées, dans les cœurs.
Pas pour faire du vide.
Pour laisser entrer le neuf.
Tiens, et les augures dans tout ça ?
Certains disent que la météo d’Imbolc donne un indice sur le reste de l’année.
Un peu comme le Groundhog Day aux États-Unis, vous voyez ?
Si le ciel est clair, attention, l’hiver traîne encore.
S’il fait moche, c’est bon signe : il est en train de s’épuiser.
Mais franchement, est-ce que ce n’est pas plus simple que ça ?
Imbolc nous demande :
Et vous ? Vous en êtes où ?
Est-ce que ça bout sous la surface ?
Est-ce que vous avez une idée en train d’éclore ?
Est-ce que vous sentez cette fatigue qui se transforme en élan ?
Oui, parfois, on est juste crevé.
Et on n’a pas envie de renaître.
Pas tout de suite.
Imbolc le comprend. Il ne force rien.
Il attend. Il reste là, avec vous, dans le flou.
Et aujourd’hui, qu’est-ce qu’on en fait ?
On ne vit plus dans des fermes avec des brebis (quoique…).
Mais on peut encore vivre Imbolc.
Comment ?
- En allumant une bougie blanche,
- En nettoyant ce coin qu’on repousse depuis des mois,
- En écrivant cette chose qu’on n’a jamais osé dire,
- En écoutant le silence,
- En cueillant une intuition et en la gardant précieusement.
Ce n’est pas le moment de lancer des trucs énormes.
C’est le moment de se repositionner.
Un petit degré suffit à changer une trajectoire, non ?
Les rituels modernes… ou comment tricoter du sens
Certain·es créent des tableaux d’intention,
d’autres déposent des offrandes végétales sur l’autel.
On médite. On rêve éveillé. On écoute son ventre.
Et surtout…
On prend soin du feu intérieur.
Pas celui qui consume.
Celui qui chauffe doucement.
Comme un four à pain qu’on ne veut pas laisser s’éteindre.
Un thé chaud, un carnet ouvert, un pull en laine qui gratte un peu…
Vous voyez l’ambiance ?
Imbolc et les cycles : l’art d’honorer l’avant
Il y a quelque chose d’injustement oublié dans notre époque :
le droit aux phases de transition.
Imbolc ne demande pas d’être déjà transformé·e.
Juste de se préparer à l’être.
C’est un sas. Un seuil.
Un moment pour dire : “Je ne sais pas encore. Mais j’y vais.”
Pas besoin de grand projet,
ni de vision à 10 ans.
Juste une petite décision.
Un geste symbolique.
Un pas de côté.
Imbolc, c’est un feu de camp minuscule.
Mais il éclaire largement plus qu’on ne croit.

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