Rêver de Merlin l’Enchanteur : un appel ancien sous la mousse

Il ne parle pas toujours. Parfois, il vous regarde. Longtemps. Sans un mot. Une main posée sur un bâton de coudrier, les yeux aussi vieux que la nuit. Et vous vous réveillez, troublé. Comme si on avait remué quelque chose dans votre ventre, dans vos os. Ce rêve-là, il laisse des traces. Pas des images nettes. Des frissons. Des échos. Rêver de Merlin, ce n’est pas rêver d’un personnage. C’est rencontrer une force. Une mémoire.

Celle des bois qui savent. Des pierres qui chantent. Des corbeaux qui préviennent.


Merlin n’est pas un homme, c’est un passage

Derrière la barbe, il y a le vent. Celui qui fait craquer les charpentes. Celui qui fait parler les haies d’épines. On dit « Merlin », mais c’est un mot de traverse. Une porte déguisée. Une silhouette entre deux mondes.

Dans vos rêves, s’il apparaît, ce n’est pas pour vous distraire. Ce n’est pas un conte. C’est un seuil. Un moment où votre esprit, sans vous demander la permission, ouvre une vieille porte, peut-être gravée dans vos racines, peut-être plantée là par un ancêtre silencieux.

On y entre sans fracas. Juste avec ce drôle de vertige, ce froid dans la nuque, ce “tiens… je l’ai déjà vu quelque part”.


Quand Merlin murmure : que veut-il vous dire ?

Il ne vient pas pour rien, le vieux. Il ne vient jamais sans raison.

Certains le voient dans un cercle de pierres, d’autres à l’orée d’un bois couvert de brume, ou encore assis au bord d’un puits noir comme l’encre des lunes mortes. Mais peu importe le décor. Ce qui compte, c’est ce qu’il déplace.

Rêver de Merlin peut vouloir dire…

Vous êtes prêt à voir autrement.
Un ancien savoir vous frôle.
Quelqu’un vous cherche depuis longtemps.

C’est peut-être flou au réveil. Mais dans le ventre, ça travaille. Comme une graine ancienne qui se remettrait à pousser, sans bruit, dans les interstices de vos certitudes.


Ce rêve n’a pas de sens unique. Il a des cercles.

Il faut imaginer Merlin comme une pierre jetée dans une mare. Le rêve fait des ronds. Et chaque cercle touche un endroit de vous.

Premier cercle : l’appel.
Quelque chose vous manque. Vous ne savez pas quoi. Une soif. Un feu qui ne se dit pas. Merlin, c’est celui qui met le doigt dessus sans parler.

Deuxième cercle : la mémoire.
Parfois, ce rêve éveille des savoirs oubliés. Une sensation de “je savais faire ça, avant”. Il touche à la lignée, à la magie de vos origines, à ce qui n’est écrit dans aucun manuel.

Troisième cercle : l’épreuve.
Et puis il y a ces rêves où Merlin vous teste. Il vous observe. Il vous tend une énigme. Une coupe. Un chemin brumeux. Là, il vous demande : “Et maintenant ? Tu oses ?”


Il y a toujours une odeur de feu quand Merlin apparaît

Avez-vous remarqué ? Ces rêves ont souvent une odeur précise. Le feu de lande mouillée, le cuir d’un vieux livre, l’ambre d’un encens oublié.

Tout est dense. Rien n’est lisse. Même le silence a une texture.

Certains se réveillent avec la sensation du bois brûlé dans les narines. D’autres entendent encore le craquement de la neige sous les pas d’un cerf invisible.

Ce n’est pas un hasard. Merlin, dans les rêves, fait appel à vos sens. Il parle en odeurs, en frissons, en couleurs assourdies. C’est une langue d’avant les mots. Il faut la sentir. Pas la traduire.


Merlin est-il un guide ? Un piège ? Une ombre ?

Bonne question.

On aimerait pouvoir répondre comme dans les livres. Avec des cases. Mais Merlin, justement, échappe à toutes les cases. Il n’est pas gentil. Il n’est pas méchant. Il est… nécessaire.

Un jour, il vous tend la main. Le lendemain, il vous ferme la porte au nez. Il vous enseigne par absence, par surprise, par mystère.

Rêver de lui, c’est accepter de ne pas tout comprendre tout de suite. D’avoir confiance dans un fil qu’on ne voit pas encore.


Tiens, ça me rappelle une histoire entendue à Brocéliande…

On racontait qu’un homme, jadis, avait rêvé de Merlin trois nuits d’affilée. La première, il était muet. La deuxième, il chuchotait à un renard. La troisième, il tendait un miroir fêlé.

L’homme, au réveil, n’avait rien compris.

Mais dans les jours qui suivirent, il retrouva une vieille clef sous une pierre. Une clef qui ouvrait le coffre de sa grand-mère, oublié dans une grange. À l’intérieur ? Des lettres, des herbes, des mots en langue perdue.

Tout avait commencé par un rêve. Un silence. Et un renard.


Et si c’était une part de vous, ce Merlin ?

On croit rêver d’un personnage. Mais si Merlin, parfois, c’était vous ? Ou plutôt… une part de vous que vous avez laissée de côté.

Celle qui voit sans les yeux. Celle qui sent les vibrations dans les pierres. Celle qui sait ce que les oiseaux disent au petit matin.

Merlin dans un rêve, c’est peut-être votre propre voix ancienne, qui vient taper doucement à la porte. Qui dit : “Tu m’as oubliée… mais je suis toujours là.”


Et si Merlin vous parle ?

Parfois, il parle. Pas souvent. Mais quand il le fait… les mots restent. Ils s’impriment comme des runes sur la peau.

Certains entendent :
“Ne crains pas ce que tu ne comprends pas.”
Ou :
“Le chemin s’ouvre quand tu arrêtes de vouloir le voir.”

C’est jamais très clair. Mais ça sonne juste. Comme un chant oublié que votre cœur reconnaît avant votre tête.


Les formes qu’il prend : un druide ? Un enfant ? Un cerf ?

On l’imagine en vieil homme. Mais dans les rêves, il change de peau.

Il peut être un oiseau noir perché sur un mégalithe.
Ou un enfant aux yeux d’hiver.
Ou même une femme vêtue de brume, qui ne dit pas son nom.

Il n’est pas prisonnier d’une forme. Il est le message, pas le messager.


Pourquoi maintenant ? Pourquoi vous ?

C’est la question qui gratte.

Pourquoi ce rêve, cette nuit-là ? Pourquoi vous ? Peut-être parce que vous êtes prêt. Ou parce que quelqu’un, quelque part, a murmuré votre nom dans un cercle de pierre. On ne sait jamais vraiment.

Mais une chose est sûre : rêver de Merlin n’arrive pas pour rien.

C’est un signal. Un craquement dans le réel. Un éclat d’autrefois revenu rôder près de vous.


Ce que vous pouvez faire ensuite ? Rien… ou écouter

On ne sort pas d’un rêve de Merlin comme d’un rêve banal. Il reste quelque chose. Un goût d’écorce. Un doute. Un frisson dans l’ombre.

Certains prennent un carnet. Écrivent. Gribouillent. D’autres cherchent un symbole, un lieu, un mot. Ou simplement, ils écoutent plus fort le silence.

Et parfois… ça revient. Dans une autre nuit. Dans un reflet de flaque. Dans une conversation anodine.


Merlin ne s’impose pas. Il attend. Il rôde. Il veille.

Et s’il est venu dans votre rêve, c’est peut-être parce qu’il sait que vous avez en vous quelque chose qui attend aussi.

Quelque chose qui pousse en vous, comme une fougère oubliée sous les pierres.

Quelque chose qui ressemble à un sortilège prêt à éclore.

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